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Dégustation Rhum vieux Chai Martinique
©Dégustation Rhum vieux Chai Martinique|Shutterstock
Secrets de distillation, vieillissement et arômesLa dégustation d'un rhum

Comment boire un Rhum ?

Depuis 1991, Daniel Baudin, maître de chai, met son savoir-faire, sa rigueur, son nez et sa créativité au service des rhums du sud de la Martinique (Maisons La Mauny et Trois-Rivières). Sa carrière et son savoir-faire ont été récompensés au cours de l’International Rhum Conférence (IRC) à Miami le 26 septembre 2019 : il a été élu meilleur maître de chai du monde !

Il nous explique la fabrication et la dégustation d’un rhum vieux

Daniel Baudin Maître de Chai Rhum Maison La Mauny Riviere-Pilote Martinique
©Daniel Baudin Maître de Chai Rhum Maison La Mauny Riviere-Pilote Martinique
Daniel Baudin

Maître de chai à Maison La Mauny et Distillerie Trois-Rivières

Rencontre avec Daniel Baudin, maître de chai

Comment fabrique-t-on un rhum vieux ?

« On sélectionne un rhum blanc qui a de la charpente, de la structure car c’est un rhum qui va rester enfermé dans un fût au moins 12 mois. Il doit donc supporter ce que va lui rendre le bois… Puis je demande au tonnelier de me fournir des fûts de chêne d’origine France ou USA (chez La Mauny ce sont des fûts américains). Je lui demande aussi de pratiquer des « chauffes ». C’est une action très importante dans le processus de vieillissement. On insère dans le fût une chaufferette, petit récipient métallique dans lequel on met le même type de bois. En le brûlant, cela permet de cuire la limine et la sève du bois, et de décomposer les éléments qui constituent le bois. L’intensité et la durée de la chauffe ont une influence sur les arômes du futur rhum. Une chauffe légère se traduira par un côté fruité, floral, miellé. Une chauffe extra-forte donnera des notes empyreumatiques de grillé, cacao, café, moka.

Une fois le rhum mis en fût, il se produit une évaporation que l’on appelle la « part des anges » d’environ 8%.

C’est la particularité du vieillissement en climat tropical qui agit 4 fois plus vite que le vieillissement sous des latitudes tempérées, comme pour le cognac par exemple où la part des anges représente seulement 2%. On va retrouver cette différence tout au long du processus. Le climat va aussi renforcer la concentration des arômes et « user » le fût quatre fois plus vite. Lorsqu’on sort un rhum vieux au bout de 10 ans, cela équivaut à un cognac de 40 ans ! »

Tonneaux Chai Fût Rhumerie Plantation Trois Rivières Sainte-Luce Martinique
©Tonneaux Chai Fût Rhumerie Plantation Trois Rivières Sainte-Luce Martinique|Jordan BEAL

Comment déguster un rhum ?

 

« Pour déguster un rhum, on fait travailler tous nos sens.

– La vue d’abord : la couleur est donnée par le bois, par la chauffe, qui apportent tanin et arômes en déstructurant la structure moléculaire du bois et du rhum blanc. Par exemple les molécules de propanol vont donner des notes de banane séchée en vieillissant. Deuxième regard : on incline le verre à l’horizontale. On choisira de préférence un verre dont la base n’est pas trop grande (l’idéal est le verre tulipe). En le relevant on voit des gouttes plus ou moins grosses s’accrochant ou pas aux parois du verre (c’est ce qu’on appelle la jambe ou la cuisse) qui donnent une indication sur la charpente du rhum.

– On fait ensuite remonter le verre vers le nez et on commence à sentir les arômes : c’est le premier nez. On remonte ensuite  le verre sous le menton, c’est le deuxième nez. Puis on rapproche le verre du nez et on le fait passer d’une narine à l’autre. L’une va davantage sentir l’alcool tandis que l’autre va retenir les différents arômes. En tapissant le verre, d’autres notes aromatiques se révèlent. Pas la peine de plonger le nez dans le verre !

– Ensuite, place à la bouche, en deux étapes. D’abord le « first kiss » (premier baiser) : on prend très peu de rhum dans la bouche. 80 % des informations sont transmises par la langue. Le deuxième test appelé « French kiss », on prend un peu plus de rhum en bouche. Les piqûres qui surgissent sur la langue, le palais et les muqueuses donnent de nouvelles informations. »

Appellations et Millésimes

Même si l’on est amateur, il nous arrive de rester perplexe face aux étiquettes et à la variété des appellations. Pour bénéficier de l’appellation « rhum vieux », le rhum doit avoir séjourné en foudres de chêne…

– 3 ans pour un rhum VO (Very Old)

– 4 ans pour un rhum VSOP (Very Special Old Pale)

– 6 ans pour un rhum XO (Extra Old)

– Rhum vieux traditionnel, vieillissement 5 à 7 ans

– Rhum vieux hors d’âge, vieillissement 8 à 12 ans

– Rhum vieux millésimé*, vieillissement 15 ans et plus.

Les années exceptionnelles peuvent se conserver de 50 à 70 ans ! Le millésime précise l’année où le rhum a été mis en fût.

* Millésime: sélection de plusieurs fûts ou d’un seul fût (single-cask) distillés la même année.

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