Exposition « Les Temps Recomposés » (Musée Fondation Clément)

« Les temps recomposés » de l’artiste Cauquil sont ces bribes de mémoires, de ressentis, de ce temps libéral, consumériste, violent et liberticide à la fois. Ses toiles recomposent le nœud des fragilités humaines. Ce nouvel opus de Claude Cauquil est le miroir d’un pas de côté, vers ce qui fait notre dimension d’Hommes, l’aptitude du cogitation, l’acte de penser jusqu’aux libertés fondamentales dans leurs sutures profondes. Cette pensée sourd de l’écriture plastique de ce portraitiste, qui nous offre ici sa relation primordiale à une « nature » sublime, régénératrice. Si ses « kings dreams », ses « foules » de Washington, de Selma, ses « Strange fruits », ses visages fragmentés de couleur posaient déjà la question des droits humains, c’est cette fois la matière elle-même qui métamorphose la maille vivante des images poétiques, en survivances rétiniennes de la couleur. Le temps de la nature n’est pas cette précipitation du temps humain, de même que le fil de la vie qui se tisse sur le métier du peintre, n’est pas pour lui l’inéluctabilité, mais le renouveau vital. Le baiser, les liens de socialité, l’originalité de l’autre, la résistance commune aux fils ténus et impromptus du temps, sont les notes d’appropriation d’une radicalité visuelle, intime, qui signe une grande maturité plasticienne.

Mickaël B. Caruge, commissaire de l’exposition

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