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Yole Pêcheur Sainte-Luce Martinique
©Yole Pêcheur Sainte-Luce Martinique|MDES
Les poissons de nos côtes

La pêche en Martinique

Avec un linéaire de 450 km de long (490 km avec les îlets), le littoral de la Martinique est évidemment propice à la pêche. Professionnelle ou de loisirs, la pêche est pratiquée depuis toujours.

A la senne, à la nasse, « à miquelon », à la ligne : chaque commune de bord de mer, chaque poisson a « sa pêche » et la yole reste l’embarcation la plus populaire… Thon, thazard, daurade coryphène, marlin, vivanneau, langouste font partie des délices de notre gastronomie.

Martinique, terre de pêche

Madinina « l’île aux fleurs » est aussi une terre de pêche, bordée par deux mers aux aspects et comportements contrastés ayant façonné paysages, rivages et villages.

A l’Est, la côte atlantique, dite « au vent » : l’océan Atlantique est puissant, les vagues déferlent sur le littoral, sauf dans la partie sud où la barrière de corail crée une protection naturelle.

A l’Ouest, la côte caraïbe, dite « sous le vent » : la mer est calme et le bord de mer plus abrité. Pourtant, quel que soit le village d’origine, la pêche est omniprésente, à la fois métier, moyen de subsistance et secteur économique. Une vraie tradition que les hommes perpétuent, souvent de génération en génération. Embarquement immédiat à bord des yoles, objectif : la pêche miraculeuse !

La Yole ronde

 

Même si elle est dans une phase de modernisation entamée depuis quelques décennies, la pêche à la Martinique repose toujours sur des techniques dont la yole ronde est le pilier. Le gommier directement creusé dans l’arbre du même nom, héritage des indiens caraïbes, a aujourd’hui pratiquement disparu, tout comme sa descendante, la yole en bois (à voile et à rames rappellent les anciens !). La flotte est désormais composée de yoles en résine, propulsées par des moteurs hors-bord. Le pêcheur doit pouvoir se rendre au plus vite sur son lieu de pêche, parfois à plus de 100 km des côtes.

Les poissons de Martinique

On dit que les Martiniquais font partie des plus gros mangeurs de poisson du monde, pas très loin derrière les Japonais. Les retours de pêche continuent de rythmer la vie de nombreux villages. Qui n’a pas assisté en fin de matinée au déchargement des embarcations ou en début de soirée à l’effervescence et aux éclats de voix qui accompagnent un retour de senne n’a pas vraiment connu la Martinique ! …

Comme on peut le voir sur les étals, les poissons varient selon la provenance et le type de pêche : poissons (carangues, perroquets, bonites, sarde, murènes, chatrou…) et crustacés (langoustes, tourteau, brigot…) de casiers, poissons de senne (coulirou, balalou, bonite…)  et pélagiques des hauts fonds (thazard, daurades, thon, marlin, espadon, requin…) .

Cet énorme thon détaillé en grosses tranches au coutelas par une main experte a sans doute été pêché à des dizaines de kilomètres ! Cette multitude de poissons multicolores  a été capturée dans les casiers déposés la veille, et ces belles langoustes s’y invitent à l’occasion…

Les techniques de pêche

Les techniques, dont certaines héritées des indiens Caraïbes, se sont développées sur un plateau continental étroit : la pêche à la senne depuis la plage, la pêche le long des côtes à la nasse (casier) ou à la traine et la pêche au large, appelée aussi « pêche à Miquelon ».

La pêche à la senne

 

La pêche à la senne a peu évolué au fil des siècles. Elle se pratique toujours sur la côte caraïbe : Anses d’Arlet, Anse Dufour, Bellefontaine, Carbet… Plusieurs bateaux posent deux cordages au large et déploient en arc de cercle un large filet (la « senne »). Le rituel est immuable : les gens du village et les vacanciers viennent prêter main forte aux « tireurs ». Jeunes et moins jeunes s’emploient en cadence à tirer sur les cordes, ramenant peu à peu le filet vers le rivage. Un moment de solidarité, intense et joyeux. Si la pêche a été bonne, on distribue coulirous, balaous et carangues aux tireurs qui en feront un bon blaff. Le patron « sennier » en réserve une partie pour ses matelots et une pour lui, qui bien souvent lui servira d’appât pour la prochaine pêche.

La pêche à la nasse

 

Vous verrez souvent sur certaines plages ou aux abords de ports de pêche, de grandes nasses de formes variées et vous pourrez même assister à leur fabrication ou réparation par les pêcheurs du coin. Ce sont les « casiers » utilisés en mer pour capturer petits et gros poissons. La pêche à la nasse, aussi appelée pêche au cassier est la plus pratiquée en Martinique sur le pourtour du plateau insulaire. Emmené au large, lesté de pierres, immergé à une profondeur de 10 à 30m pendant plusieurs semaines, et signalé en surface par des bidons ou bouteilles en plastique, le casier est ensuite remonté par les pêcheurs avec les poissons et crustacés capturés : poissons du récif, vivanneaux, carangues, sardes, chirurgiens, perroquets, langouste, chatrou
L’armature de la nasse peut être fabriquée en bois (poirier, goyavier) ou avec du fer à béton. Le treillis est en grillage métallique, plastique ou en bois tressé.

Venez assister aux retours de pêche et découvrir la pêche miraculeuse de nos pêcheurs, c’est une scène typique de la Martinique

La pêche à Miquelon

Tous les pêcheurs l’ont compris : la réserve en poisson n’est pas inépuisable ! Pour enrayer la surpêche des zones côtières, ils ont parfois été contraints de respecter des cantonnements aux abords des plateaux menacés.

C’est à ce moment, au début des années 1990, qu’ont été installés autour de la Martinique les premiers DCP (dispositifs de concentration de poisson). On estime aujourd’hui que 80% de la production locale est réalisée grâce à ce matériel flottant pour attirer les thons, daurades, marlins, thazards

Cette pêche au large est loin d’être facile : le patron doit pouvoir compter sur une embarcation solide, un moteur en bon état et des matelots forts et courageux, en pleine mer, souvent houleuse. Bravant les embruns et les caprices de la météo, les pêcheurs lancent alors leurs lignes de traîne pour capturer les gros poissons attirés par les plus petits, eux-mêmes attirés par l’écosystème qui s’est créé aux abords du dispositif.

Cette aide à la pêche permet aussi d’atténuer peu à peu la saisonnalité de la pêche. Il n’y a pas si longtemps les saisons étaient bien marquées : les anciens connaissaient la saison de pêche à miquelon de novembre à mai et l’hivernage de juin à octobre, tandis que la morte-saison les limitait au plateau insulaire et quelques hauts fonds. C’est la période où la pêche à la nasse (« au casier ») reprenait ses droits, complétée par un coup de senne. Avec les DCP on peut maintenant sortir presque toute l’année.

 

Un savoir-faire ancestral

La modernisation de la flotte, la prise en compte des ressources, les directives européennes, la professionnalisation : dans le secteur de la pêche comme dans beaucoup d’autres, les temps ont changé. Cependant, plus que dans d’autres activités, la tradition fait de la résistance, parce que la pêche ici ne relève pas seulement de l’économie mais bien d’une culture, d’un mode de vie, du lien social

Ce savoir-faire ancestral, ces gestes presque rituels se transmettent des anciens vers les plus jeunes. Réparer un filet, nettoyer les nasses, repeindre sa yole, se lever aux aurores et braver la mer nourricière : autant de scènes qui ne semblent pas près de disparaître…

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